WALL-E (A. Stanton, 2008)

Celui-là, j’ai tellement adoré que je vais avoir du mal à en parler… Déjà, il faut replacer les choses dans leur contexte : une impardonnable paresse estivale m’a amené à rater le film en salles l’été dernier. Mais, grâce aux séances spéciales de janvier organisées par UGC, j’ai eu l’occasion (ou plutôt la chance) de le rattraper en salles. Et là, c’est la claque totale !

L’histoire ? Après avoir épuisé indûment les ressources naturelles de la Terre et l’ayant pollué au point de la rendre abiotique, les hommes ont évacué cette dernière à bord d’un vaisseau spatial (l’Axiom), laissant le soin à de basiques robots compacteurs, les WALL-E (Waste Allocation Load Lifter Earth-class), de la nettoyer. Le WALL-E du titre est le dernier survivant (du moins c’est ce que l’on est en droit de supposer) de son espèce, les autres s’étant tués à la tâche. Vivant dans une benne à ordures, collectionnant compulsivement des objets humains sans jamais en comprendre la finalité, ayant pour seule compagnie un petit cafard, il mène une vie parfaitement monotone et rébarbative, sa seule joie étant de recréer, aux moyens d’objets trouvés dans les ordures, une scène de chant/danse de la comédie musicale Hello Dolly. Jusqu’au jour où une sonde high-tech EVE, envoyée depuis l’Axiom et dont le but est de détecter le moindre signe de vie sur la planète, débarque sur Terre, mettant fin à la solitude de WALL-E. Oui mais voilà, EVE est tout le contraire de WALL-E, et nouer le contact avec elle va s’avérer plus difficile que prévu…

Alors, il n’y a rien à faire, PIXAR n’a, sur le marché de l’animation en images de synthèse, aucun concurrent… Et le plus fou, c’est qu’à chaque film, ils placent la barre plus haut (Cars exclu, et depuis Toy Story 2). Après avoir vu Ratatouille, que j’adule, je voyais mal comment ils allaient pouvoir faire plus fort. Ben, voilà… Là où Ratatouille comportait encore quelques petits défauts (un petit côté moralisateur « tu ne voleras pas », et la scène chantée en étaient les principales faiblesses), WALL-E est vraiment parfait (à une scène longue de deux secondes près). Et ce qui me sidère le plus, c’est que malgré leur hégémonie, ils ne se reposent jamais sur leurs acquis et osent prendre des risques. Un exemple ? Et bien tout simplement, le fait de se permettre un premier tiers de film muet, ce qui, en soi, est assez épatant en 2008 (on peut remarquer que c’était également le cas des 20 premières minutes de There Will Be Blood). Mais cet exploit n’est rendu possible que par le génie visuel des créateurs, Andrew Stanton (déjà auteur du Monde De Nemo), en tête. Parvenir à émouvoir avec un robot, qui grossièrement, ressemble à un cube surmonté d’une paire de jumelles, mais dont la profondeur du regard doit dégoûter 95% des acteurs à Hollywood, c’est ce que j’appelle du génie…

Truffé de références (de 2001 à E.T. en passant par Star Wars, ce qui parle plus que tout à mon côté geek), et se situant, selon moi, dans la lignée des films de S-F écolos comme Silent Running (il y aurait un joli parallélisme à faire, je crois), c’est également un film subversif, et quoi qu’il en soit, il nous renvoie une image assez déplaisante de nous mêmes. L’humain y étant, basiquement, un être inconséquent, préférant l’abandon à l’auto-discipline, et dont on peut se demander s’il mesure la chance qu’il a de disposer d’un un milieu naturel où la vie est rendue possible et si il le mérite… En dehors de ces quelques considérations, c’est également une splendide étude de la solitude.

Le film est tellement cohérent, et égal sur la longueur que c’est difficile d’en retirer les morceaux de bravoure, mais je m’y essaye : les 30 premières minutes (celles qui se déroulent sur Terre) sont juste parfaites, la scène où WALL-E et EVE volent en un ballet splendide autour de l’Axiom (WALL-E se déplaçant, comme dans un jeu vidéo, au moyen d’un extincteur qui le propulse), celle où EVE réalise, au moyen des images enregistrées par sa camera de surveillance intégrée, que WALL-E désire plus que tout lui tenir la main, et celle où ce rêve finit par se produire, sont des moments de pure poésie qui, par leur simple beauté (pas uniquement plastique) m’ont ému jusqu’aux larmes. Et rien que pour ça, c’est un film qui m’a marqué ad vitam aeternam…

Encore une fois... entièrement d'accord avec toi monsieur le professeur...
Pour moi, c'est tout simplement le Pixar le plus émouvant depuis Némo...le plus "adulte" et le plus engagé aussi...

Dis... heum... alors comme ça tu laches quelques larmes aussi? enfin... à la fin d'un film quoi... (ou dans mon cas parfois au début...merci Rocky Balboa... avec ce formidable morceau qu'est "Mickey"... Merci monsieur Bill Conti, tu m'as grillé auprès d'mes potes!!! Et depuis... je n'vais plus au cinéma... maintenant je pleure sur mon coussin... chez moi... )
J'me sens moins seul maintenant...

Bien sûr qu'il m'arrive de pleurer devant un film. Assez régulièrement, même... Sous réserve que le film soit bien fait, évidemment. J'écraserai volontiers une larme devant Dersou Ouzala, alors qu'un Armageddon me laissera parfaitement indifférent.