Satantango (Le Tango De Satan)
Décidément, cette année 2008 fut, en ce qui me concerne, l’une des plus riches en matière de découvertes filmiques. Après les claques que furent, parmi tant d’autres, There Will Be Blood, Crià Cuervos, Jeanne Dielman, Requiem Pour Un Massacre, L’Avventura, La Jetée, etc..., voici venir ce Satantango, œuvre du hongrois Béla Tarr datant de 1994, de plus de 7h30 de long, en noir et blanc, et qui raconte, en gros, l’échec d’une ferme collective en pleine campagne hongroise. Et non, ce n’est pas une blague...
Le film, suivant le rythme du tango- six pas en avant, six pas en arrière (merci wiki)- se divise en douze tableaux s’interpénétrant, offrant plusieurs points de vue sur une même situation, ce qui change parfois radicalement la perception que l’on en avait a priori. Chacun de ces tableaux est filmé en de longs plans séquences (qui ne sont pas sans évoquer Tarkovski) qui donnent une impression de dilatation extrême du temps (que ce soit simplement par leurs longueurs ou par l’utilisation d’éléments externes telle la pluie). Et ce qui est génialement paradoxal, c’est que cela passe à une vitesse à peine croyable.
La longueur de mon commentaire va être inversement proportionnelle à celle du film, alors que la richesse visuelle et thématique du film est d’une profondeur insondable. Mélange de comédie (noire, évidemment), de satire, de réflexion métaphysique, etc... c’est certainement l’une des expériences cinématographiques les plus marquantes que j’aie eu l’occasion d’expérimenter. Et je dis bien expérimenter, et non "voir"...