Indiana Jones
Une fois n’est pas coutume, je vais parler d’un film (en fait, d’une trilogie devenue maintenant tétralogie), que tout le monde sur ce forum (15 personnes quand même...), j’en suis persuadé, a vu au moins une fois dans sa vie.
Si je parle des trois d’un seul bloc, c’est parce que je les trouve indissociables. Pas tous nécessaires, mais indissociables. Le premier épisode (Les Aventuriers De L’Arche Perdue) est certainement le plus réussi, et quoi qu’il en soit, le plus original. C’est presque une tautologie. Redéfinissant à sa manière les règles du film d’aventure, et désormais devenu le modèle à suivre, le film n’accuse absolument pas son age, près de 30 ans tout de même. Il établit de nouvelles règles pour le genre en osant mêler aventure, humour, et effets spéciaux. Et aussi, c’est le plus important, en osant faire de son héros, un héros pas si parfait que cela, puisqu’il est toujours à la limite entre l’archéologie (au sens protection de l’art) et le pillage pur et simple, et qu’il n’est pas « pare-balle », en cela qu’il se fait fréquemment malmener. L’héroïne n’est pas non plus un simple fardeau geignant et hurlant ; elle boit, se bat, et se sort elle-même de situations parfois bien périlleuses.
En dehors de ces deux trois considérations, le film reste essentiellement un plaisir régressif qui fait fichtrement du bien par où il passe en enquillant joyeusement des scènes qui sont désormais passées à la postérité. Notamment grâce à un montage elliptique roublard mais génial (roublard car il arrive à nous faire croire à des actions qui seraient absolument impossible à réaliser dans un plan séquence, et génial, parce qu’on y croit...). L’humour a également une grande importance dans le film, et heureusement, il n’est pas spécialement marqué par son époque (un gag, celui du coup du miroir sur le bateau, m’a littéralement fait pleurer de rire) comme peuvent l’être les films de la même époque avec Stallone ou Schwarzenegger. Ce qui a peut-être le plus mal vieilli (pourtant Lucas et son équipe ont retravaillé la version DVD dont je dispose), ce sont les effets spéciaux visuels. Par exemple, le faux cadavre sensé être celui d’Alfred Molina, et qui ne ressemble absolument pas à son modèle (heureusement qu’Indy nous renseigne sur son identité...), et certaines explosions sont limite ringardes. Mais ce ne sont que des détails en regard des qualités du film, qui assume avec une belle « décomplexion » son statut de blockbuster.
Le deuxième (Indiana Jones Et Le Temple Maudit) est selon moi le moins bon. Il comporte pourtant certains des passages les plus marquants de la trilogie. Que ce soit la scène du repas (soupe aux yeux, sorbet de cervelle de singe, serpent surprise), celle du sacrifice humain (le pauvre hère qui se fait arracher le cœur), ou encore celle de la poursuite de chariots dans la mine. Le problème est ailleurs, dans cette manière fort peu opportune qu’a Spielberg de plaquer son obsession de l’enfance sur un film qui ne s’y prête pas du tout. Cela me fait aussi penser au « syndrome ewok » du Retour Du Jedi, où, comme une partie du public est enfantin, on lui consacre à pouf quelques scènes, le problème étant qu’elles ne fonctionnent malheureusement que pour ce seul public. Ce qui fait qu’on se retrouve un peu en porte-à-faux entre des scènes d’un infantilisme navrant, et des scènes franchement violentes, et qu’on se demande alors à qui est destiné ce film...
Un autre détail qui m’irrite un peu est cette désagréable façon qu’a Spielberg de faire référence à ses propres films, ce qui a toujours à mes yeux une dimension un peu pathétique... Par exemple, la scène où Indy est confronté à des adversaires munis de sabres, et où il cherche en vain son pistolet dans son holster, lamentable échos d’une des scènes les plus cultes du premier épisode, où il se débarrasse nonchalamment d’un opposant qui fait tournoyer son sabre avec véhémence d’un simple coup de pistolet. Et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres...
Reste le cas d’Indiana Jones Et La Dernière Croisade, que je trouve de qualité intermédiaire, car débarrassé du caractère infantile du Temple Maudit, mais comportant toujours d’incessantes auto-références qui ont le don de m’exaspérer. Enfin, le film retrouve assez bien la magie qui était celle du premier épisode, et mélange de nouveau histoire et Histoire, par le biais du nazisme (à cet égard, la scène avec Hitler est assez jouissive, même si ce dernier est ressemble très peu à son triste modèle). Autre gros point positif : l’interprétation de Sean Connery, qui apporte un peu de sang neuf dans un casting récurrent, et vecteur principal d’humour de ce troisième épisode (la scène où Indy et lui sont ligotés sur les chaises, celle du Zeppelin, le running gag avec Junior,...). Le troisième volet comporte lui aussi son lot de scènes cultes: la traversée du pont en trompe-l’œil (une vraie idée de génie), celle du Zeppelin, celle dans la bibliothèque de Venise, etc...
C’est assez marrant, mais en écrivant ceci, je me rends compte que c’est exactement le même syndrome que pour les Retour Vers Le Futur, où le premier épisode est grandiose, le deuxième franchement dispensable, et le troisième entre les deux. Et c’est assez troublant de constater que ce sont les mêmes producteurs...